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gration en perspective disposait favorablement la plupart des maires et adjoints, presque tous bourgeois vaniteux, fort attachés aux honneurs municipaux, et craignant de perdre les petites prérogatives dont ils avaient l’accoutumance et le goût, car ils n’étaient pas certains que le nouvel ordre administratif ne durerait pas, si on le laissait un instant s’établir.

Les rumeurs de Versailles, parvenues à Paris, au sujet de la nomination possible d’un prince d’Orléans comme lieutenant général, engageaient aussi ceux qui ne voulaient aucunement d’une restauration monarchique à conseiller les concessions. La mise en avant du duc d’Aumale fut pour beaucoup dans la facilité avec laquelle les maires, dans la réunion du samedi, se décidèrent à accepter les conditions du Comité Central. Ceux qui déploraient la rupture de la veille et conservaient le vague espoir d’un raccommodement dans l’entrevue matinale convenue, n’étaient pas les plus nombreux, mais ils se montrèrent les plus énergiques, et l’emportèrent.

Enfin les vrais républicains, et il y en avait un certain nombre parmi les élus de novembre 1870, se trouvaient indignés par la présence de M. Rouher sur le sol français, annoncée par le gouvernement. On disait bien, qu’à peine débarqué à Boulogne, avec sa femme et sa fille, l’ex-vice-empereur avait été questionné par le sous-préfet Lagache sur le but de son voyage, puis consigné et gardé à vue à l’hôtel Christol où il était descendu. Mais M. Rouher n’avait pas dissimulé au sous-préfet, qu’il était venu en France pour mettre les forces dont pouvait disposer le parti bonapartiste à la disposition de M. Thiers, pour l’aider à « sauver » le pays en révolution.

M. Rouher aurait aussi demandé à être autorisé à prendre le fusil et à combattre les insurgés, comme simple