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surprise et combat. Plusieurs déposants dans l’Enquête ont exprimé le regret que la lutte n’ait pas eu lieu. Ils ont affirmé, après coup il est vrai, que le Comité Central aurait eu le dessous. Ils se sont portés forts de l’insolvable Saisset, lui faisant crédit de la victoire ; ils ont soutenu que le « parti de l’ordre » eût repris Paris et rappelé le gouvernement, s’ils l’avaient voulu. C’est le refrain de la chanson de « la Garonne », et l’on peut ajouter : Lanturlu !

Le bouillant colonel Quevauvilliers, MM. Héligon, Degouve-Denuncques, Dubail et quelques autres, étaient de ces friands de la poudre. Laissant les maires pacifiques, ou ceux qui, tout en acceptant tout bas le combat, s’alarmaient tout haut de ses conséquences, parlementer et tenter de renouer le fil rompu des négociations, ces agressifs continuaient leurs préparatifs de guerre et de leur mieux mettaient la mairie en état de défense. C’est ainsi que, dans la nuit du vendredi, ils distribuèrent des cartouches et firent transporter des mitrailleuses du poste des Arts-et-Métiers à la rue de la Banque.

Ces préparatifs belliqueux irritèrent le Comité Central. Il dénonça cet armement secret, qui démentait les paroles de conciliation qu’on avait répandues dans le public, et qui prouvait la persistance des idées de lutte. Dès les premières heures il fit afficher cette protestation :

Citoyens,

Entraînés par notre ardent désir de conciliation, heureux de réaliser cette fusion, but incessant de tous nos efforts, nous avons loyalement ouvert à ceux qui nous combattaient une main fraternelle. Mais la continuité de certaines manœuvres, et notamment le transfert nocturne de mitrailleuses à la mairie du IIe arrondissement, nous obligent à maintenir notre résolution première.

Le vote aura lieu dimanche 26 mars.

Si nous nous sommes mépris sur la pensée de nos adversaires,