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Les maires protestèrent alors, et avec eux les citoyens A. Ranc, Ulysse Parent, Georges Avenel et Victor Considérant. Ceux-ci formaient un comité particulier de conciliation, et s’étaient rendus, de leur propre initiative, à la séance, pour soumettre aux députés et maires une affiche qu’ils avaient rédigée.

Ranvier fit alors cette déclaration : « À vous de comprendre que nous ne sommes pas les seuls maîtres. Nous avons derrière nous nos hommes, que huit jours de garde ont mis sur les dents et qui nous pressent d’en finir. Ils nous accusent déjà d’avoir remis les élections primitivement fixées au 22. Je vous le répète, nous sommes débordés, nous ne pouvons attendre plus longtemps. »

C’était exact : la garde nationale et la population, persuadées que les élections termineraient tout, et que ce serait l’entente complète, la paix définitive, la fin du cauchemar, la reprise du travail et des affaires, accusaient le Comité Central de mollesse, ne comprenaient rien à ses négociations interminables. Ceci montre encore la gravité de la faute commise par le Comité Central en ne marchant pas immédiatement sur Versailles. Inconsciemment, le Comité avait fait le jeu de M. Thiers. En négociant, il avait entretenu l’espoir de la paix, tandis qu’il aurait di préparer les esprits et les courages à la lutte à outrance, à la continuation de la victoire du Dix-Huit mars.

Le Comité avait leurré l’opinion en lui donnant ; croire, qu’une fois la Commune convoquée, on n’aurait plus qu’à s’embrasser de part et d’autre, comme on l’avait fait dans la rue des Petits-Champs, après l’entrevue de Brunel et Protot avec les maires. Il était trop tard pour ôter aux Parisiens cette agréable mais funeste illusion.

Les maires, à l’ultimatum des délégués du Comité Central, répondirent en priant qu’on se réunît une dernière