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FAUTE COMMISE EN N’ACCEPTANT PAS LA DATE DES MAIRES

Combien il eût été plus habile d’accepter, non pas même le 30 mars, mais la date du 3 avril, que M. Thiers avait paru agréer ! Il est évident que, pas plus avec la date du 3 avril, qu’avec celle du 30 mars, M. Thiers ne se fût montré satisfait, puisqu’il ne voulait pas des élections communales et qu’il ne cherchait qu’à prolonger des pourparlers et des négociations servant ses desseins. On rompait sous un prétexte quelconque les projets d’accord, quand tout paraissait terminé, sauf à les reprendre le lendemain. Ce va et vient le Favorisait. L’atermoiement était l’atout dans sa partie, mais en cédant sur la date l’insurrection parisienne aurait eu le beau jeu. Ses chefs pouvaient démontrer la duplicité de M. Thiers. Le Comité mettait en lumière son désir de la paix, ses efforts pour l’établir ; il montrait en même temps que les agissements du gouvernement de Versailles ne tendaient qu’à rendre la guerre civile inévitable et prochaine. La province était encore hésitante. Elle eût certainement été impressionnée, en voyant d’un côté Paris céder sur ce qui était raisonnable, et M. Thiers refuser d’approuver ce qui était conclu avec son autorisation présumée, et s’efforcer de perpétuer le malaise et l’antagonisme. On ne peut résister à une force supérieure, mais il est bon de faire voir aux neutres, aux alliés possibles, la brutalité de celui qui veut abuser de cette force. Les grandes villes s’agitaient alors, la Commune paraissait être à la veille d’être proclamée ou soutenue sur plusieurs points de la France. Paris, en brusquant les choses, en paraissant imposer sa seule volonté, interrompait ce mouvement qui eût déconcerté et effrayé M. Thiers. Le Comité Central, durant ces huit jours décisifs, où il fut le maître de Paris, a donc commis