tées, à la hauteur de la mairie du Ier arrondissement, par les gardes nationaux qui n’avaient pas encore adhéré au Comité Central. Une colonne divisée en deux, commandée par le général Brunel, partit de l’Hôtel-de-Ville pour mettre à la raison les réactionnaires. En arrivant, Brunel et Protot, accompagnés de quelques citoyens, montèrent à la mairie trouver M. Adam, le maire, pour terminer le différend. Pendant ce temps, un demi-bataillon de l’ordre était rangé en bataille dans le carré formé d’un côté par les grilles du Louvre, de l’autre par la maison de parfumerie, « la Société hygiénique ». Le commandant de ce bataillon, le capitaine Arnauld de Vresse[1], envoya quelques hommes prendre possession de la maison qui fait le coin de la rue de l’Arbre-Sec, et s’installa aux fenêtres qui font face à la rue de Rivoli.
Deux coups de feu furent tirés, qui heureusement n’atteignirent personne. Immédiatement, à mon commandement, les gardes fédérés chargèrent leurs armes, prêts à répondre à cette provocation. Entouré d’un groupe de citoyens qui me priaient de ne pas répondre à ces deux coups de feu, je me contentais d’ordonner au maréchal des logis Pélissier de braquer une de ses pièces sur la mairie et l’autre sur le bataillon réactionnaire pour le balayer, mais d’attendre mes ordres. À ce moment Brunel et Protot arrivèrent avec M. Adam. Le maire consentit aux propositions qui lui étaient faites et adhéra au Comité Central.
Ici je crois pouvoir rappeler une circonstance bizarre de cet épisode. Lorsque je commandais au maréchal des logis Pélissier de mettre en batterie ces deux pièces, et au moment où il ouvrit un des caissons de munitions, il s’aperçut qu’on avait oublié d’y mettre les projectiles nécessaires. À l’étonnement qui se peignit sur son visage, je compris ce qui se passait, et quand il vint pour m’annoncer ce fâcheux oubli, je l’arrêtai en lui disant :
- ↑ Arnauld de Vresse, libraire-éditeur bien connu, capitaine de la garde nationale, s’était signalé pendant le siège. Il avait secouru le gouvernement au 31 octobre. « C’était, a dit M. Albert Hans, dans ses Souvenirs d’un volontaire versaillais, ce qu’on appelle un républicain avance et sincère, estime comme tel dans le quartier de l’Hôtel-de-Ville, où il était éditeur, et dans lequel il avait rempli des fonctions municipales. Partisan dévoué du 4 septembre, c’était un de ces bourgeois de Paris, frondeurs de tous les gouvernements, qui finissent par payer de leur vie la part qu’ils ont prise aux révolutions. » Arnauld de Vresse, qui avait offert ses services à Versailles, fut blessé mortellement sous Paris, à Asnières, dans une reconnaissance, le 16 mai 71. Il servait alors dans les volontaires de la Seine, auxiliaires versaillais.