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L’AFFICHE MENSONGÈRE

L’amiral Saisset était certainement alors fixé sur les intentions vraies de M. Thiers, secondant la combinaison temporisatrice. Il cherchait tous les prétextes pour ne pas donner le signal d’un combat. Il s’efforçait d’amadouer la population et de tromper le Comité Central. Dans ce but, il rédigea une proclamation, qui était un mensonge, dont il a été beaucoup question dans l’Enquête.

Cette proclamation était ainsi conçue :

Chers Concitoyens,

Je m’empresse de porter à votre connaissance que, d’accord avec les députés de la Seine et les maires élus de Paris, nous avons obtenu du gouvernement et de l’Assemblée nationale :

1o La reconnaissance complète de vos franchises municipales.

2o L’élection de tous les officiers de la garde nationale y compris le général en chef.

3o Des modifications à la loi des échéances.

4o Un projet de loi sur les loyers favorables aux locataires, jusques et y compris les loyers de 1,200 fr.

En attendant que vous confirmiez ma nomination, ou que vous m’ayez remplacé, je resterai à mon poste d’honneur pour veiller à l’exécution des lois de conciliation que nous avons réussi à obtenir et contribuer ainsi à l’affermissement de la République !

Paris, le 23 mars.
Le Vice-Amiral commandant en chef provisoire,
Saisset.

Cette affiche contenait le principal du programme du Comité Central. Si ces revendications étaient admises par le gouvernement, et par l’Assemblée nationale, comme l’affirmait Saisset, on était d’accord, et il ne restait plus qu’à fixer la date des élections municipales. Ce n’était dès lors qu’une formalité administrative à remplir. En complétant ces déclarations formelles par l’énoncé de la pro-