LIVRE VII
LA COMÉDIE DE LA RÉSISTANCE
RUSES DE GUERRE CIVILE
L’amiral Saisset fut-il de bonne foi dans ses simulacres de résistance ? On en peut douter. Les preuves écrites manquent pour établir sa duplicité. Mais les présomptions morales abondent, et par déduction on peut conclure, sans trop de risques d’émettre un jugement téméraire, qu’il fut secrètement d’accord avec M. Thiers. Celui-ci, a-t-il déclaré, ne lui avait donné que des instructions verbales et sans précisions. Donc pas de preuves, pas de traces des termes vrais du mandat. La conduite de Saisset serait alors bien étrange, inexplicable aussi. Sans l’hypothèse des instructions de M. Thiers, données en secret, on ne saurait comprendre son inaction, sa répugnance à tenter une action décisive, qui aurait pu terminer l’insurrection, par la défaite ou la soumission des bataillons obéissant au Comité Central.
Cette attente et cette inertie correspondaient évidemment aux sentiments propres de l’amiral. Il ne désirait nullement une collision. Il avait sans doute bien supporté le feu au plateau d’Avron, mais autre chose était d’affronter un bombardement, à distance, au milieu d’un état-major aguerri,