pacifique et d’allure légale, ces rudes travailleurs, serfs résignés de la glèbe minière et industrielle. Une caisse de secours existait au Creusot. Elle était alimentée par des prélèvements sur les salaires des ouvriers, mais administrée par le patron, M. Schneider. Les ouvriers, à l’instigation d’Assi, émirent la prétention, fort admissible, de gérer eux-mêmes cette caisse et de déléguer un des leurs pour en contrôler le fonctionnement. M. Schneider, personnage considérable alors, directeur des usines et président du Corps Législatif, ne voulut pas admettre cette immixtion. Les ouvriers ayant acclamé Assi comme gérant de la caisse de secours, ce choix désigna le mécanicien aux foudres patronales. Assi fut congédié avec une certaine solennité provocatrice. Devant les ouvriers rassemblés, son renvoi lui fut signifié. Ce fut le signal d’une grève, dont le retentissement fut grand. L’Internationale soutint la cause des grévistes, leur envoya des fonds. Des journaux avancés, dont la Marseillaise publièrent des articles destinés à passionner l’opinion du dehors, à accroître l’esprit de résistance chez les ouvriers du Creusot, et aussi à leur attirer, avec les sympathies, des secours. Un rédacteur de la Marseillaise, Achille Dubuc, fut envoyé au Creusot pour suivre les progrès de la grève et en rendre compte jour par jour. La grève un instant apaisée fut ravivée par la mesure, brusque et véritablement agressive, prise par la direction, de diminuer les salaires. Malon et Varlin dirigèrent cette nouvelle grève, où Assi ne joua qu’un rôle secondaire.
Il fut arrêté le Ier mai 1870 et impliqué dans le procès fait à l’Internationale. Il fut défendu par Me Léon Bigot, qui devait par la suite se signaler par ses plaidoiries devant les conseils de guerre, notamment dans la défense de Gustave Maroteau. Assi fut acquitté, car on le poursuivait pour participation à une société secrète, alors qu’il ne fai-