Il a enfin, avec le concours de ses complices effarés de Bordeaux, dit à Paris : « Tu viens de te montrer héroïque ; or, nous avons peur de toi, donc nous l’arracherons ta couronne de capitale ! »
Qu’a fait le Comité Central pour répondre à ces attaques ? Il a fondé la Fédération ; il a prêché la modération, — disons le mot — la générosité ; au moment où l’attaque armée commençait, il disait à tous : « Jamais d’agression, et ne ripostez qu’à la dernière extrémité ! »
Il a appelé à lui toutes les intelligences, toutes les capacités ; il a demandé le concours du corps d’officiers ; il a ouvert sa porte chaque fois que l’on y frappait au nom de la République.
De quel côté étaient donc le droit et la justice ? De quel côté était la mauvaise foi ?
Cette histoire est trop courte et trop près de nous, pour que chacun ne l’ait pas à la mémoire. Si nous l’écrivons à la veille du jour où nous allons nous retirer, c’est, nous le répétons, pour les honnêtes gens, qui ont accepté légèrement des calomnies dignes seulement de ceux qui les avaient lancées.
Un des plus grands sujets de colère de ces derniers contre nous est l’obscurité de nos noms. Hélas ! bien des noms étaient connus, très connus, et cette notoriété nous a été bien fatale !…
Voulez-vous connaître un des derniers moyens qu’ils ont employés contre nous ? Ils refusent du pain aux troupes qui ont mieux aimé se laisser désarmer que de tirer sur le peuple. Et ils nous appellent assassins, eux qui punissent le refus d’assassinat par la faim !
D’abord, nous le disons avec indignation : la bouc sanglante dont on essaye de flétrir notre honneur est une ignoble infamie. Jamais un arrêt d’exécution n’a été signé par nous ; jamais la garde nationale n’a pris part à l’exécution d’un crime.
Quel intérêt y aurait-elle ? Quel intérêt y aurions-nous ?
C’est aussi absurde qu’infâme.
Au surplus, il est presque honteux de nous défendre. Notre conduite montre, en définitive, ce que nous sommes. Avons-nous brigué des traitements ou des honneurs ? Si nous sommes inconnus, ayant pu obtenir, comme nous l’avons fait, la confiance de deux cent quinze bataillons, n’est-ce pas parce que nous avons dédaigné de nous faire une propagande ? La notoriété s’obtient à bon marché : quelques phrases creuses, un peu de lâcheté suffit ; un passé tout récent l’a prouvé.