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n’est pas dans leur intérêt qu’on les a « ménagés ». On avait l’avantage, en les laissant en arrière, de pouvoir les insulter ensuite, ce qu’on n’a pas manqué de faire. On justifiait aussi les mépris de Ducrot, et l’obstination dédaigneuse de Trochu à ne pas vouloir faire entrer la garde nationale dans l’évaluation des forces à sa disposition.

On doit comprendre la crainte du gouvernement d’ajouter à l’humiliation de la retraite du 19 janvier l’irritation, injuste sans doute, mais dangereuse quand même, des quartiers les plus populeux, les plus ardents, comptant leurs morts le lendemain de la défaite, et constatant alors que les bataillons bourgeois avaient été épargnés, et, tenus loin du feu, étaient revenus indemnes. Les sentiments de jalousie et de méfiance que les arrondissements populaires pouvaient avoir à l’égard des quartiers du centre eussent été surexcités à l’extrême. La sortie du 19 janvier avait été décidée et réglée pour faciliter l’acceptation de la capitulation, et éviter un soulèvement. C’eût été manquer le but que d’agiter les faubourgs par le spectacle des cadavres ramenés du champ de bataille. Il eût été plus qu’imprudent d’ajouter le désespoir et le deuil des familles à l’exaspération provenant de la défaite.

Voilà l’explication logique de l’inaction voulue où furent laissés les bataillons des faubourgs, durant la journée de Buzenval.

LA DÉMISSION DE TROCHU

Une dépêche du gouverneur de Paris au général Schmitz, au Louvre, datée du Mont-Valérien, 20 janvier 1871, 9 h. 30 du matin, fut publiée et affichée dans la matinée. Elle était contresignée : le ministre de l’intérieur par intérim, Jules Favre, et ainsi conçue :