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inévitable, c’est-à-dire la capitulation. On avait donc résolu de ne pas faire trop de cadavres. Mais, malgré cette prévoyance, que les dispositions du combat prouvaient, il y avait à envisager un certain chiffre de pertes. Il fallait donc s’attendre à des deuils, à des gémissements, à de l’agitation, et peut-être à du désordre dans la ville, quand on constaterait les absences. On verrait, dans les quartiers dont les bataillons auraient donné, et qui par conséquent fourniraient les morts et les blessés, des groupes irrites se former, à l’angle des rues, bientôt entourés de femmes se lamentant, avec de la marmaille en pleurs pendue a leurs jupes. Les boutiques seraient fermées, avec des avis mortuaires collés sur les volets, et, au seuil de chaque maison, s’étendraient des draperies noires, avec des corbillards et des gens consternés rangés le long du trottoir. On se souvenait des lendemains du Bourget, et de l’accablement, suivi de colère, dans les Batignolles, dont les mobiles avaient été décimés. Si la population des quartiers excentriques laissait un grand nombre des siens par les champs et les ravins de Buzenval, une agitation dans le faubourg et peut-être une émeute, étaient à prévoir. Avec les bataillons du centre on serait plus tranquille. Les gardes nationaux modères ne feraient point d’émeute ; ils pleureraient leurs morts, sans troubler l’ordre, sans insulter les généraux, sans menacer le gouvernement. D’où la décision de faire donner, à peu près seuls, les bataillons des quartiers du centre, ceux de l’ancienne garde nationale bourgeoise, telle qu’elle était organisée sous l’empire, comprenant toutefois l’adjonction de quelques éléments nouveaux, mais recrutés dans le même milieu, offrant les mêmes garanties de modération et de respect de l’ordre établi.

Ce n’est donc pas pour « se ménager » que les bataillons populaires n’ont pas figuré en première ligne, et ce