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Il faut distinguer ceux qui ont voulu se battre, ceux-là se sont toujours bien conduits, quoique leur élan ne fût pas toujours bien dirigé, et ceux auxquels leurs opinions défendaient sans doute de combattre.

Le musicien Vincent d’Indy, dans son Histoire du 105e bataillon de la Garde Nationale (Parie, Douniol, 1872), a eu le courage d’écrire :

Il y avait dans la garde nationale 60,000 sectaires qui avaient ordre de ne pas combattre contre les Prussiens et de rassembler le plus d’armes possible pour faire une révolution au moment propice.

M. Arthur Chuquet, dans la Guerre de 1870-71 (Paris, Chailley, 1875), a dit :

Si les régiments de la garde nationale les plus calmes et les plus modérés avaient tenu solidement, les plus bruyants et les plus tapageurs auraient été les premiers à déguerpir.

M. Alfred Duquet, dans son remarquable ouvrage, a eu le tort de se faire l’écho de ces imputations injurieuses, émanant d’hommes prévenus et de parti-pris, inspirées par les passions politiques, et issues de la crainte et du ressentiment que firent naître les événements de la Commune.

À côté de certains bataillons qui ont fait leurs preuves à Buzenval, a-t-il affirmé, d’autres, qui devaient plus tard constituer l’élite des troupes de la Commune, se sont débandés, dès le premier moment. Le mot d’ordre leur avait été donné par les comités auxquels ils obéissaient, ils criaient à la trahison, en se sauvant. Il avait été décidé, dans les régions supérieures de Belleville, que la garde nationale réserverait ses forces et son courage pour une meilleure occasion : celle que ; devait offrir la plus odieuse des insurrections. Mais devant l’ennemi, et à l’heure de la bataille, que tous réclamaient et appelaient depuis si longtemps, une grande partie n’a rien fait ou s’est enfuie.

(Alfred Duquet, le Bombardement et Buzenval, p, 278.)