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à vaincre, avec le désir de les entraîner à une victoire décisive.

S’il est impossible, d’après l’examen des opérations militaires et des péripéties du combat du 19 janvier, et aussi d’après les dépositions des généraux, même hostiles à la garde nationale, et les témoignages de l’ennemi, incontestable juge, de douter de la valeur de cette force militaire, sottement inutilisée et coupablement perdue, que le gouvernement de la Défense tenait entre ses mains débiles, il est une autre allégation, fausse et calomnieuse, qu’il convient de réfuter. Elle a été propagée par les généraux, reproduite avec empressement par les écrivains réactionnaires, et des historiens l’ont admise. Elle a même pénétré dans le grand public. Elle fait partie de ce bagage de suppositions, de mensonges, de préjugés et de jugements tout faits, qui, sur les événements du siège et de la Commune, ont composé l’opinion. Des esprits sincères ont cru, croient encore, qu’il y a une distinction à faire entre les divers bataillons de gardes nationaux, selon qu’ils étaient recrutés parmi les citoyens d’opinions modérées, ou parmi les républicains avancés. Les bataillons « bourgeois », ceux des quartiers du centre, se seraient seuls battus, les bataillons « rouges », ceux des quartiers populaires, se seraient réservés pour l’insurrection fatale.

C’est là une invention de parti : comme si, au 19 janvier, on préparait le 18 mars ! C’est un anachronisme historique et moral.

M. Ambroise Rendu, depuis conseiller municipal de Paris, homme distingué et fort honorable, qui s’est bravement conduit à Buzenval, mais clérical ardent et réactionnaire militant, a dit dans ses Souvenirs de la Mobile (Paris, Didier, 1872) :