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Un auteur allemand, Louis Schneider, dont les « Souvenirs » ont été revus par l’empereur Guillaume, a rendu ce témoignage, bon à opposer aux détracteurs de la Garde Nationale :

Cette sortie du 19 janvier fut un combat très sérieux, et, en réalité, le premier où la garde nationale ait montré vraiment une attitude militaire, surtout à l’attaque du parc de Buzenval. Jusque-là, en effet, elle n’avait donné sérieusement nulle part, mais le 19 elle prouva, habilement employée, qu’elle pouvait être utile, et que nous n’avions plus le droit de la dédaigner. C’est ce que reconnut l’empereur dans la matinée du 20.

Ce point demeure donc acquis, — car on pourrait multiplier les citations à l’appui de cette déclaration de Trochu, « la garde nationale de Paris montra, le 19 janvier, un très grand courage » — que les gardes nationaux se sont bravement comportés devant l’ennemi, et qu’avec eux, et avec les régiments de ligne dont on disposait, on aurait pu faire la trouée, couper l’armée d’investissement, tenter de rejoindre les armées de province, si les généraux avaient auparavant exercé, aguerri leurs troupes et multiplié les sorties avec les trois cent mille hommes de première ligne dont ils disposaient, et qu’ils ont jugés inutilisables jusqu’au simulacre de sortie du 19 janvier. Les batailles ne se gagnent pas seulement avec de l’enthousiasme, du courage et le désir de vaincre, c’est entendu, mais ces éléments sont d’un appoint sérieux, et souvent décisif, dans la lutte. La garde nationale les possédait. Trochu eut le tort de ne pas paraître s’en douter. Son crime n’est pas seulement d’avoir fait tuer des gardes nationaux, avec le sentiment de l’inutilité de cette saignée perfide et calculée du 19 janvier, mais bien de n’en avoir pas exposé assez durant les cinq mois de siège, avec la volonté de les exercer, de les accoutumer