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ble, que sa belle retraite de Mézières, après Sedan, avait mis en lumière, et qu’on appréciait comme ayant ramené sous Paris son corps d’armée, le 13e, fournissant ainsi à la Défense les seules troupes régulières à mettre en ligne. Mais au 19 janvier, ce général découragé, dépourvu de confiance, comme Trochu, n’ayant plus ni initiative, ni audace, garda ses troupes à peu près immobilisées. Quant aux forces considérables dont disposait le général Ducrot, c’est à peine si elles figurèrent. Ces troupes, conduites à contre-cœur par leur général, hâbleur sinistre, qui avait juré, à l’époque de Champigny, de ne rentrer que mort ou victorieux, et qui était revenu tranquillement, en excellente santé, mais battu, s’égarèrent dans la presqu’île de Gennevilliers, « comme si l’on eût fait la guerre dans les pampas de l’Amérique », a dit un témoin oculaire. Pendant les longs mois d’inaction qui avaient précédé, les officiers d’état-major avaient eu pourtant l’occasion, et le temps, de reconnaître le terrain entre Asnières et Rueil. Vinoy, invoquant l’excuse de la boue, a dit qu’il ne put parvenir à hisser des pièces de canon sur les crêtes. L’artillerie prussienne y parvint, malgré l’état des pentes, qui était boueux aussi pour elle. Nos canons ne servirent guère qu’à mitrailler le 3e bataillon de zouaves et le 11e régiment de la garde nationale de la brigade Fournès, pris pour une colonne prussienne, sur la côte de Montretout.

La brigade Valentin attaqua courageusement, mais vainement, le mur de Longboyau, dans le parc du prince de Craon. Sans artillerie, ce fut un assaut meurtrier et inutile. Un feu terrible fut dirigé par les Prussiens, abrités derrière le mur crénelé.

Malgré des avantages remportés sur certains points, les Prussiens reprirent l’offensive, l’après-midi, et, au crépuscule, Trochu ayant donné le signal de la retraite, la déban-