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région était difficile et mal choisie. Mais les ouvrages, dont les Prussiens avaient garniles abords du plateau de Garches, une fois emportés, pouvaient offrir un point de résistance excellent. Le moral des gardes nationaux était aussi bon qu’on pouvait le souhaiter. Il n’y avait ni forfanterie, ni hésitations dans les bataillons démarche.

Le gouvernement avait lancé, la veille, une proclamation assez ridicule, où Jules Favre et Jules Simon, parodiant Rouget de l’Isle, s’écriaient emphatiquement : « L’ennemi tue nos femmes et nos enfants, aux armes ! » Il est une autre proclamation, qui n’a pas été publiée, d’un ton moins pompeux, mais d’un caractère plus tragique, c’est celle qui, laissée à l’inspiration des chefs de corps, fut adressée aux soldats, comme ordre du jour. Cet appel, qui peut-être ne fut communiqué qu’aux régiments de ligne, contenait cette promesse significative et décourageante : « Allez au combat avec courage ; c’est pour la dernière fois, nous vous le promettons, que vous aurez à combattre ! » Cette réflexion venait aussitôt à l’esprit, que c’était bien inutile de risquer des existences, puisque l’intention était déjà arrêtée de renoncer à la lutte.

La bataille de Buzenval, mal menée, où les règles élémentaires de l’art militaire furent négligées ou violées, où l’inertie des généraux fut égale à leur incapacité, apparaît une affaire incohérente.

L’attaque des positions prussiennes de seconde ligne fut trop tardive. Le temps était brumeux le matin, humide l’après-midi. L’artillerie, embourbée, sans attelages suffisants, ne put prendre une part sérieuse au combat. Le corps d’armée du centre, celui du général Carrey de Bellemare, qui a d’ailleurs le plus souffert, fit seul une marche en avant utile. La colonne de gauche était sous les ordres de Vinoy, l’un des hommes du Deux-Décembre, général capa-