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fois, quelques coups de fusil ; on ne pouvait se rendre l’arme au bras. La suprême sortie fut décidée. Elle eut lieu le 19 Janvier 1871. C’est l’affaire qui porte le nom de « bataille de Buzenval ».

BATAILLE DE BUZENVAL

Le plan adopté fut celui que le général Carrey de Bellemare avait déjà proposé, et qui avait été écarté. Il consistait à enlever le plateau de Garches et celui du Butard, et à marcher de là sur Versailles. La distance du Mont-Valérien à Garches était d’environ quatre kilomètres, et cinq kilomètres resteraient à franchir pour atteindre Versailles. Le pays était accidenté : au delà des communes de Suresnes. Rueil, Saint-Cloud, très boisé ; au-devant du Mont-Valérien, très découvert, montueux et planté en vignes principalement. La ferme de la Pouilleuse et le château de Buzenval occupaient le centre de ce champ de bataille, qui s’étendait de Montretout à la Jonchère, en passant par Buzenval. L’armée était divisée en trois corps : le général Vinoy à Montretout, le général Carrey de Bellemare à Buzenval, le général Ducrot à la Jonchère, avaient le commandement en chef. Les forces furent inégalement réparties. Il y eut, en tout, près de 100,000 hommes engagés. Mais le général Ducrot, favorisé par Trochu, son ami, eut le plus grand nombre de troupes de ligne. 30 bataillons sur 33. Ce général et ses régiments, considérés comme étant les meilleurs, ceux de l’armée régulière, ne donnèrent que fort secondairement. L’armée du centre, et celle de droite, comptaient en majeure partie des mobilisés et des gardes nationaux. Ces dernières troupes n’avaient été formées en divisions que la veille, ou sur le terrain. Elles se trouvaient ainsi dépourvues de cohésion et sans lien tactique. La