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bardement trompa leur détestable espérance. Nul ne broncha sous la pluie de fer. Gavroche rit tout haut. Les obus firent des dégâts matériels inutiles. Les hôpitaux, les musées, les bibliothèques faillirent être éventrés, et c’est là une honte pour les compatriotes de Goethe et de Hegel, mais le courage de la population bombardée n’en reçut nulle atteinte.

Les Parisiens, et aussi les Parisiennes, supportaient avec une farouche énergie les obus, les privations et les souffrances du siège. Le froid intense ajoutait ses rigueurs à la famine. Cependant personne ne parlait de se rendre. On voulait souffrir encore, et l’on voulait aussi combattre. Trochu et ses complices ont, par la suite, prétendu que la garde nationale était incapable de soutenir le feu des Prussiens. La vaillance et la résistance de ces gardes nationaux, trois mois après, devant les canons et les fusils de l’armée versaillaise, répondent suffisamment à cette allégation.

Trochu avait communiqué aux officiers son mépris de ces civils déguisés en soldats, ainsi jadis les nobles émigrés et les troupes de Condé dédaignaient les volontaires de l’an II, « des cloutiers et des tailleurs », disaient-ils, qui devaient reconduire jusque dans leurs capitales, la baïonnette dans les reins, les vieilles armées de Brunswick. Quant aux troupes de ligne, il n’y avait, sous Paris, que quelques régiments de l’ancienne armée, le 35e, le 42e et des quatrièmes bataillons. Ces soldats étaient mal disposés envers les gardes nationaux. Comme Trochu faisait donner, exclusivement et systématiquement, les troupes régulières, et qu’elles éprouvèrent des portes sérieuses aux divers combats, notamment le 30 septembre à Chevilly, le 13 octobre à Bagneux, le 21 octobre à la Malmaison, le 29 novembre à l’Hay, le 2 décembre à Champigny, une irritation se pro-