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par Gustave Flourens. Des bataillons appartenant aux quartiers du centre, patriotes assurément, mais qui avaient plus grande crainte des révolutionnaires que des Prussiens, survinrent, et les délivrèrent. Un plébiscite s’ensuivit. Par son vote, la population réprouva cette tentative d’insurrection, qu’elle estima périlleuse, et coupable aussi. L’union des assiégés paraissait indispensable. Le salut de la cité semblait, à cette majorité, plus compromis par un désordre intérieur que par le maintien au pouvoir d’hommes dont l’insuffisance ou l’impuissance n’apparaissaient pas suffisamment établies. On avait encore de l’espoir, et les illusions sur le compte de Trochu n’étaient pas dissipées. Et puis, les noms des chefs du mouvement du 31 octobre, proposés comme membres du nouveau gouvernement : Flourens, Blanqui, Delescluze, Félix Pyat, Millière, el d’autres révolutionnaires notoires, effrayaient. Les bataillons, recrutés dans la bourgeoisie, ne pouvaient accepter un pouvoir s’appuyant sur les bataillons des arrondissements ouvriers. On avait peur de la guerre civile. Voir la ville aux mains de ceux qu’on appelait encore « les rouges », en souvenir des journées de juin 48, semblait, à la partie la plus nombreuse de la population assiégée, catastrophe aussi désastreuse que la reddition aux Prussiens.

Le plébiscite eut pour conséquence de donner au gouvernement du 4 septembre la consécration du suffrage universel. Ce fut là l’unique investiture de ce gouvernement issu de l’émeute, comme le fut la Commune. Trochu conserva donc la direction des opérations militaires, et Paris lui fut légalement livré : ce fut là, le grand, le pire désastre. La défense demeurait ainsi confiée à celui qui n’y croyait pas, qui n’en voulait pas. La remise de la ville à l’ennemi n’était plus qu’une question de jours, et d’opportunité. Paris était voué au sort de Metz. La trahison