Page:Lepelletier - Histoire de la Commune de 1871, volume 1.djvu/70

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

d’héroïsme. De vastes ronds sanglants, éclairés de lueurs sinistres, s’étendirent autour du vaisseau de Paris, à demi submergé, Ceux qui en considèrent les remous, à quarante années de distance, demeurent encore surpris et impressionnés. Là, fut une épave formidable, bientôt remise à flot, mais dont les grands cercles tragiques sont encore visibles, les vibrations encore sensibles.

LES DEUX BIENFAITS DE LA COMMUNE

La Commune a inspiré aux Allemands, témoins stupéfaits et inquiets, des sentiments de prudence dont la France a recueilli l’avantage. Son énergie, la vaillance combative qu’elle montra, et aussi la vigueur qu’il fallait à ceux qui la vainquirent ont inspiré le respect à nos envahisseurs. Le courage déployé dans les deux camps a détourné de Moltke, Bismarck, et d’autres conquérants subalternes, de leur projet d’achever la victoire, selon eux, imparfaite. Tous ces guerriers enivrés ont renoncé à l’espoir de chercher, dans une agression nouvelle, la curée d’un démembrement plus complet. Ils ont compris, en voyant comment les Français se battaient sous les murs de Paris, la paix conclue, qu’il fallait s’en tenir à cette paix, assurément avantageuse, et qu’il serait téméraire de recommencer à provoquer cette nation belliqueuse, vraiment indomptable, qu’ils avaient crue si affaiblie, si démoralisée, si incapable de continuer une lutte. Ces épuisés, ayant pu se procurer un peu de pain, redevenaient vigoureux et terribles. Il était sage de ne pas tenter une seconde fois la fortune.

La Commune ainsi a sauvé l’honneur français, à l’extérieur, et protégé les frontières ; à l’intérieur, elle a sauvé la République et protégé les conquêtes démocratiques.

À défaut de reconnaissance et d’admiration, de la part