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Parisiens révoltés reprenaient le rôle des insurgés de juin 48.

Il en eût été différemment si la Commune s’était établie plus tôt. Au 31 octobre, il était déjà bien tard, mais l’assemblée de Bordeaux et de Versailles n’existait pas, et la province eût probablement, dans son ensemble, sauf quelques protestations impuissantes, accepté le nouveau gouvernement proclamé à Paris, bien que l’isolement de la capitale eût pu retarder ou compromettre cet assentiment. Mais c’est au 4 septembre, l’empire effondré dans l’entonnoir de Sedan, Napoléon III vaincu, prisonnier, déchu moralement, le corps législatif dispersé et le sénat évanoui, que la Commune, se substituant au pouvoir détruit, donnant à la France un régime nouveau, aurait eu toutes les chances de se faire reconnaître par le pays entier, et aurait pu durer. On peut même admettre que c’est à l’époque des premiers désastres qu’une insurrection eût été surtout utile, et serait demeurée victorieuse. L’échauffourée de Blanqui, à la Villette, n’était ni si déraisonnable, ni si coupable qu’on l’a dit. Le défaut de préparation, le manque de forces populaires et de concours politique, la répugnance de la population à se soulever en présence de l’ennemi firent, de cette émeute ratée, un crime. Si elle eût réussi, la Commune pouvait devenir le gouvernement national de la France, et les destinées de notre malheureux pays changeaient.

C’est donc, tout en faisant la part des causes secondaires de faiblesse, de désagrégation et de défaite finale, parce qu’elle est venue trop tard, parce qu’elle ne put remplir le rôle de gouvernement national que la Commune a sombré, avec Paris.

Le naufrage tut terrible et grandiose. Il évoque la fin légendaire du « Vengeur », avec plus d’horreur, et autant