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dispersant par la force, soit en la forçant à se dissoudre comme ayant achevé son mandat, qui était la conclusion de la paix.

Le gouvernement établi à Paris, par Paris — cette capitale n’est-elle pas comme un parlement, où toutes les provinces, tous les arrondissements, on pourrait dire chaque ville, chaque village, ont leurs représentants ? — eut été reconnu et obéi, comme l’avaient été jusqu’alors tous les pouvoirs antérieurs, dont les provinciaux recevaient la notification, comme un ordre, par l’autorité centrale, par les courriers, par le télégraphe ; mais il fallait que ce gouvernement eût le caractère d’un gouvernement national. Or la capitulation, le traité de paix et l’existence conservée de l’assemblée nationale faisaient de lui un gouvernement seulement parisien, un pouvoir local, le produit dune émeute, et non le résultat d’une révolution.

Paris, alors, parut avoir manqué à sa mission, qui était de délivrer la France. Sa déchéance sembla juste comme avait été jugée telle celle de Napoléon III. Le droit lui fut dénié de donner un gouvernement à la France, comme il avait pu le faire après les journées de 1830, après le 24 février 1848, au 4 septembre 1870. À la suite de ces diverses journées insurrectionnelles, le pouvoir central n’existait plus, les assemblées, représentant l’ensemble de la nation, s’étaient dissoutes ou avaient été balayées. Le pouvoir était vacant. Il ne l’était plus au Dix-Huit mars.

La faute, le vice, le germe de mort que contenait la révolution du Dix-Huit mars, c’était donc, d’une part, de ne plus répondre au vœu national pour la libération du territoire, et d’autre part, d’avoir, en face d’elle debout groupée, organisée, poursuivant ses séances, votant des lois, dictant des décrets, et, disposant de l’autorité morale puisqu’elle était toujours considérée comme l’expression du