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tions théoriques, mais uniquement parce qu’elle est venue trop tard. Elle ne put prendre ce caractère national, qu’elle eût acquis au 4 septembre 1870, sans lequel une révolution ne reste qu’une insurrection, sans lequel aucun gouvernement monarchique ou démocratique, ne saurait se maintenir en France. La Commune ne pouvait vivre et durer, que si elle s’était substituée au gouvernement impérial, qu’en étant d’abord le gouvernement de la lutte contre les Prussiens, qu’en organisant la vraie défense nationale, et peut-être la victoire.

CAUSE PRINCIPALE DE L’INSUCCÈS

La Commune était née au milieu des déchirements de la Patrie. L’humiliation de la défaite et le rut combatif non assouvi avaient présidé à sa conception, dans l’angoisse et dans l’énervement. Cette humiliation et ce désir, la province es éprouvait aussi, mais moins vivement que la maladive cité, et en supportait, avec plus d’apathie, les irritations. Les républicains des grandes villes manifestaient leur indignation avec moins de soubresauts révolutionnaires. La province se montrait raisonnablement patriote, mais nullement pacifique à tout prix. La formation rapide des armées-citoyennes à la voix de Gambetta, la soumission et la patience de ces paysans, de ces ouvriers, de ces bourgeois de petites villes, accoutumés à la mise en bataille de soldats professionnels, à l’appel de mercenaires employés au combat, à la garnison et au camp, prouvent un patriotisme résigné. Ce n’étaient plus l’embrigadement de vieux troupiers chargés de recevoir les coups et de rapporter des victoires à la population civile, les applaudissant après les avoir regardés faire, c’étaient ces civils même que