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social désigné, depuis 1871, sous le nom de Commune, que le régime, dont le Dix-Huit mars a marqué l’avènement, n’avait rien d’anormal, rien d’exceptionnel ou de monstrueux, et qu’il aurait pu, qu’il aurait dû devenir le régime régulier et perfectible de notre pays, si, — car il y avait forcément cette condition inéluctable, — si le pays avait consenti, si le pays avait ratifié ce qui suivit le Dix-Huit mars. Pourquoi n’a-t-il pas accordé confiance et soumission à ce régime, dont l’origine n’était pas plus illégale que celle de la monarchie, avec Louis-Philippe ou Napoléon III, ni surtout que celle du gouvernement de la Défense, et dont l’existence n’était ni plus tyrannique et insupportable que celle des régimes précédents ? Pourquoi la Commune n’a-t-elle pas trouvé cette ratification, à laquelle elle aurait pu prétendre, et qui fut accordée si facilement à tous les gouvernements antérieurs ? Pourquoi la Commune ne fut-elle pas acceptée, reconnue, subie, si l’on veut, comme le furent, au lendemain même des insurrections, des coups de force qui les avaient faits maîtres du pouvoir, les gouvernements antérieurs : la royauté constitutionnelle, l’empire absolu, la République bourgeoise ?

Bien des causes secondaires, en dehors de la brutale victoire versaillaise, motivèrent la chute de la Commune : la notoriété imparfaite ou inquiétante de ses promoteurs, l’abstention ou l’hostilité des républicains connus, des vieilles barbes de 48, des jeunes moustaches de 1869, contribuèrent à son isolement. Mais la cause principale de sa défaite, de son impuissance à se faire accepter, de l’impossibilité où elle s’est trouvée, dès ses premiers pas, de marcher à la tête de la France, et de la faire marcher à sa suite, ce ne fut pas son caractère de Révolution prolétarienne et sociale, car elle ne l’eut pas à ses débuts, et par la suite elle ne l’affirma que par des vœux et des déclara-