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de la démocratie, de la République, ne doit-il pas être cette Confédération des Etats-Unis d’Europe, utopie aujourd’hui, réalité demain, que de grands esprits, comme Victor Hugo, sondant la profondeur de l’avenir, ont saluée d avance avec enthousiasme ?

Enfin la Commune présenta ce spectacle curieux d’un autre antagonisme intime : elle représentait par sa tradition on pourrait dire par atavisme, le principe de la Commune autonome, libre, indépendante, telle que la concevaient les bourgeois de Noyon, de Laon, les Étienne Marcel et les Robert Le Coq du xive siècle, et cependant elle s’affirma unitaire dans ses actes, dans ses relations avec l’étranger, avec le reste de la France ; elle formula la République une et indivisible. Ce fut ainsi, par exemple que, légiférant pour la France entière, elle prétendit abolir les armées permanentes et la conscription, conception improvisée, et à laquelle ceux qui la transformèrent en décret n’attachèrent qu’une importance philosophique, et pour ainsi dire symbolique. Mais cet antagonisme entre Paris devenu ville libre, se gouvernant et s’administrant à sa guise — et l’exemple de certaines cités allemandes rendaient cette proposition acceptable, défendable au moins, — et Paris capitale, gouvernant, imposant sa volonté a tous les départements, perpétuant le système centralisateur de la monarchie, n’était qu’apparent et transitoire. La Commune triomphante, stable, maîtresse par le consentement e le concours de toute la France, car sa victoire dépendait de cet accord, devait fatalement et logiquement aboutir à la forme décentralisatrice et cantonaliste, à la République Fédérale, qui, plus ou moins neuve, originale ou imitée de la Suisse, des États américains, sera probablement un jour la forme définitive de notre État républicain.

On voit, par l’analyse brève de ce composé politique et