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du succès et la loi de la vitesse acquise avec la durée, la Commune pourtant devrait être l’objet d’une reconnaissance de tous les instants et d’un sentiment de respect quasi filial : la Commune n’a-t-elle pas permis à la République d’exister, de durer ? Sans la résistance des Communards, l’assemblée de Versailles, non seulement restaurait la monarchie, mais retardait de cinquante ans peut-être le progrès républicain, l’établissement des lois sociales et l’instauration de mœurs démocratiques. Voilà le grand, le durable bienfait de la Commune. Il est incontestable. Le Peuple, et dans le peuple il faut comprendre, à l’exclusion de quelques individualités privilégiées et de certaines castes rebelles, la grande masse du pays, dut à la Commune toutes les lois, toutes les réformes, tous les progrès dont les discours officiels font l’énumération louangeuse, dont la conscience de chaque citoyen reconnaît et apprécie l’existence et la stabilité. Mais le peuple est souverain et, comme les rois, toujours il pratique l’ingratitude.

Est-ce à dire que la Commune fut parfaite, admirable en tous points, et qu’on ne saurait lui trouver ni taches ni défauts ? Ce serait folie ou mensonge que de prétendre faire son apologie, rien que son apologie. Mais elle a droit, au moins, à ce qu’on n’entende pas contre elle que des témoins à charge, et, dans son procès, il faut recueillir ce qui l’accuse, mais aussi ce qui la justifie, et même ce qui, dans certains cas, la glorifie.

Elle a commis des fautes, des crimes même, cette Commune les régimes les meilleurs, les rois les moins mauvais ; en ont autant à leur passif. Son personnel militaire, administratif et parlementaire fut insuffisant, et plus d’une mesure, prise par les agents improvisés et inexpérimentés de ce gouvernement éphémère peut être taxée d’incohérence, d’inutilité ou de maladresse. Mais on ne légifère