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de termes à côté, injurieux ou méprisants. C’était, pour la désigner, « la conspiration », ou bien « la trahison », ou encore « la perfidie ». Les membres de la confédération bourgeoise étaient qualifiés de « ramassis de jeunes scélérats, ayant fait (à Vézelay) un pacte contre leur évêque, d’une modération et d’une piété si grande, « aggregata que sibi maxima sceleratorum juvenium multitudine, pacti sunt sibi mutuo foedus sceleratæ conspirationis adversus æquissimi moderaminis et ing-enita pietatis dominum suum… ». Les pieux narrateurs énuméraient, avec horreur et complaisance, toutes les violences qu’avaient pu commettre les révoltés : résistance aux outrages des gens de l’évêque, aux exactions des grands seigneurs, refus de se laisser désarmer, rassemblement, donc rébellion, au son du beffroi, construction de tours et de remparts pour se protéger et meurtre de gens d’armes, envoyés pour les tuer ou pour les capturer et les conduire au château, où la torture, les oubliettes, et la mort les attendaient. Naturellement, ces ennemis de la Commune se gardaient bien de mentionner, en leurs chroniques que les historiens ont recueillies, copiées et transmises, les atrocités des chevaliers, vainqueurs de l’émeute. L’impitoyable répression qui suivit partout la défaite des bourgeois, ces ancêtres de nos Communards, devint, sous leur plume servile, car ils écrivaient sous l’œil des abbés et à la solde des châtelains, la juste punition d’une révolte impie, le châtiment mérité d’une rébellion scélérate. La lecture des journaux de 1871 contient des récits aussi exacts, des appréciations aussi impartiales.

La Commune moderne est pareillement demeurée, comme un épouvantail et une honte, aux yeux de beaucoup de nos contemporains.

Ceux qui, dans un but électoral, ou par prudence, par-