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majorité de la Convention. La Commune de Paris grièvement atteinte par le procès des Hébertistes, fut définitivement vaincue au neuf Thermidor. Sa défaite fut celle de la Révolution.

La tradition de la Commune s’était perpétuée dans les dernières années du second empire, et la jeunesse blanquiste s’efforçait d’en réveiller le souvenir, d’en imposer le retour en mettant à profit les circonstances. L essai malheureux de la surpris du poste de la Villette, aux débuts de la guerre, et l’échauffourée du 31 octobre ne découragèrent pas ce parti, peu nombreux, mais singulièrement actif, dont l’énergie et la tactique se retrouvèrent lors de la tentative du 22 janvier 1871, et préparèrent, dans les comités de Vigilance et au Comité Central, le mouvement d organisation révolutionnaire, qui permit de mettre à profit la surprise du Dix-Huit mars.

La minorité insurgée, durant ces diverses journées, réclama la Commune et, dans la dernière, réussit à l’établir.

La Commune résumait alors les aspirations contradictoires, antagonistes souvent, éparses dans l’âme d’un peuple surexcité et armé. Son nom seul suffisait a indigner et à épouvanter les contre-révolutionnaires, en même temps qu’il rassurait et satisfaisait des opinions diverses on pourrait dire des partis différents. La répulsion des adversaires de tout gouvernement vraiment démocratique pour la Commune ne date pas des événements de 1870-71. Au Moyen-Âge, Guibert, abbé de Nogent, qui a laissé la chronique de la révolution communale de Laon, qualifiait « d’exécrable » la Commune et ses partisans : « de execrabilibus communici illis… » On évitait, dans les écrits contemporains du grand mouvement municipal, de nommer la Commune. On usait de périphrases malveillantes,