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primèrent en fait les Communes. Mais, jusqu’à la révolution française, jusqu’à nos jours, l’esprit communal s’est perpétue, et son action s’est manifestée, sous la forme politique du Tiers-État, sous la forme sociale de la Bourgeoisie.

Aux heures tragiques, quand le territoire était envahi, ravagé, au lendemain du désastre de Poitiers, quand il n’y avait plus ni roi, ni chefs, ni armée, ni finances, ni rien, quand la France paraissait se dissoudre et semblait menacée de disparaître, sans avoir eu sa destinée accomplie, ne laissant qu’une trace, confuse et sans gloire, dans la mémoire des hommes, ce fut à la Commune que revint la tâche de ranimer les cœurs et de prouver que la France n’était pas tuée. Un petit groupe d’hommes veillaient. S’ils ne connaissaient pas encore cette magnifique expression : la Patrie, ils en devinaient du moins la force et la beauté. Ils lui donnaient le nom de : Commune. Il y eut donc alors, au xive siècle, des patriotes, sans qu’on sût dénommer et expliquer le patriotisme. Introuvable encore dans les écrits, dans les discours, dans les chartes et les délibérations, ce mot de Patrie, qui date de Jeanne d’Arc, existait sonore et vibrant, dans le cœur des énergiques Parisiens de 1857, fondateurs de la démocratie française, républicains de la première heure, groupés en Commune autour de leur audacieux et intelligent prévôt des marchands, le précurseur Étienne Marcel.

À toutes les époques de crise, le peuple de Paris cria : Commune ! comme on crie : au secours ! Toutes les insurrections parisiennes aboutirent à l’établissement, plus ou moins durable, d’un pouvoir communal, plus ou moins révolutionnaire, à l’Hôtel de Ville.

Sous la Révolution française, la Commune de Paris fut fortement patriote, républicaine autoritaire, avec une indifférence religieuse, opposée à la sentimentalité déiste de la