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tiné à devenir la France. Les Communes se sont affranchies toutes seules. C’est l’insurrection, c’est la force des armes la solidité des murailles, la vigueur de la voix de métal appelant de la tour du beffroi les bourgeois à l’assemblée populaire, c’est aussi l’entente et l’enthousiasme municipal des corps de métiers, unis aux artisans, au peuple, qui fondèrent, défendirent et maintinrent, pendant deux siècles, la liberté communale. Dans un grand nombre de villes, principalement dans la région du Nord, car dans beaucoup de cités du Midi les traditions du municipe romain s étaient perpétuées, les Communes s’établirent, prospérèrent sans violences, sans effusion de sang. Il y eut, dans certaines contrées, des pactes conclus avec les seigneurs, surtout avec les seigneurs épiscopaux, comme à Noyon. Moyennant finances, des chartes communales furent octroyées. Les Croisades, et l’appauvrissement des nobles qui en fut la conséquence, facilitèrent ces transactions.

La Commune était en soi une idée chrétienne. Le mot venait du vocabulaire apostolique. Commune a pour étymologie Communauté. C’était l’application au gouvernement de la cité au régime social, du principe égalitaire et fraternel, qui avait régi les premières associations des disciples de Christ. On les appelait des communautés, ces groupements de la primitive Église. Ce fut aussi le nom sous lequel on désigna les associations bourgeoises, à leurs débuts. Les Communes disparurent, comme organismes locaux comme centres autonomes, quand le pouvoir central se fortifia ; elles furent étouffées par la couronne pesant sur elles, absorbées par l’autorité royale grandissante. L’unification des lois, la centralisation des services publics, la concentration entre les mains du roi, de ses conseils, de ses parlements, de ses baillis, sénéchaux et prévôts, de l’administration, des impôts et de la défense du royaume, sup-