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Assi ou Édouard Moreau, dit posément au tempétueux général :

— La Fédération de la Garde Nationale entend nommer elle-même son chef. Nous voulons faire des élections municipales et avoir des garanties contre les royalistes de l’Assemblée. Si vous êtes avec nous, soumettez-vous à l’élection populaire. Donnez votre démission, et nous vous nommerons !

Lockroy intervint alors, et dit que l’Assemblée ne reconnaîtrait pas un commandant en chef de la garde nationale nommé par un Comité, en dehors d’elle, par un comité d’insurrection. Cette déclaration n’était pas pour apaiser les esprits, ni concilier les choses. Langlois, de plus en plus échauffé, reprenant son caractère de « soupe au lait », comme on disait familièrement, quand on le voyait s’exalter, monter, écumer, s’écria brusquement ;

— Eh bien !… non !… je veux bien être nommé par le gouvernement, mais pas par vous !… d’ailleurs j’en ai déjà assez. C’est Méline qui m’a proposé, qui m’a forcé à accepter… je vais leur f… ma démission !… au revoir !…

Et le général d’une heure sortit en coup de vent, chavirant la porte, bousculant les amis qui voulaient le retenir, et montrant le poing, devant lui, à des adversaires invisibles. L’évasion d’un dément.

Langlois se rendit, comme on l’a vu, à la réunion des maires au Ile arrondissement pour annoncer sa démission ; ensuite il courut à l’Officiel, où il trouva X. Feyrnet, rédacteur du Temps, à qui il recommanda de surveiller la mise en pages du journal pour que sa nomination ne parût pas, puis il rentra se coucher chez lui, rue Mansard. Il était sept heures du matin.

Après le départ de Langlois, les membres du Comité présents, désireux de pourvoir au plus pressé, ratifièrent