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— Général Langlois, commandant supérieur de la garde nationale !

— Qui vous a nommé ? demanda Édouard Moreau.

— L’Assemblée Nationale.

Un sourd grognement s’éleva dans l’assistance. Un des membres, Assi, dit alors :

— Reconnaissez-vous le Comité Central ?

— Je suis nommé par le gouvernement, je ne vous reconnais pas ! répondit avec plus de franchise véhémente que d’à-propos le nouveau général, redevenu l’impétueux Langlois qu’on connaissait. Et il se mit à gesticuler, devant les membres du Comité Central, impassibles.

— Dites-nous ce que vous pensez du Comité Central ? reprit Édouard Moreau.

— Je n’en pense rien, répondit Langlois avec sa fougue ordinaire. Il ajouta aussitôt, avec volubilité : Je n’ai pas demandé à être général. Ce sont les maires et les députés de Paris qui m’ont désigné dans une pensée de conciliation, pour éviter l’effusion du sang…

Puis, comme grisé par ses propres paroles, s’emballant selon son tempérament, il s’écria, avec une mimique qui semblait vouloir accélérer encore sa parole vive et devancer l’expression de sa pensée :

— En admettant même qu’il se produise des événements heureux pour vous, le plus que vous pouvez espérer, c’est le succès ici, à Paris. La question est purement parisienne. Si vous ne reconnaissez pas le gouvernement de l’Assemblée, vous avez donc la prétention d’être un gouvernement national ? Alors c’est la guerre civile que vous faites en France. Vous ne pouvez pas avoir cette prétention, ou vous êtes des fous !

Sans entrer dans une discussion, l’un des membres,