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laissées, se demandant si l’on n’allait pas rencontrer une résistance.

L’Hôtel-de-Ville était ouvert. Il est certain que si Jules Ferry eût connu plus tôt les projets de Thiers, et l’approbation que devait leur donner dans la soirée le Conseil des ministres, réuni chez M. Caimon, il eût convoqué les maires et les députés, établi ainsi un pouvoir issu de l’élection, et constitué une sorte de gouvernement provisoire. Ce Comité de gouvernement, appuyé par les maires, prenant sur lui de résister aux ordres d’exécution, gardant les troupes dont il disposait dans Paris, eût tenu tête à l’insurrection, empêché peut-être le Comité Central de prendre le lendemain le commandement. Ce gouvernement improvisé pouvait faire accepter par la garde nationale les propositions transactionnelles des maires, c’est-à-dire les élections municipales prochaines et la nomination de Langlois comme commandant en chef. Le Comité Central eût probablement traité volontiers avec cette autorité, ayant pour elle le prestige de l’élection régulière et la possession de fait de l’Hôtel-de-Ville. La guerre civile pouvait donc encore être évitée dans la soirée du 18 mars. Les ordres d’évacuation donnés par Thiers et l’absence de toute autorité à l’Hôtel-de-Ville empêchèrent tout arrangement, et laissèrent Paris à la merci de ce Comité Central, qu’on n’avait vu nulle part, au moins comme corps constitué, comme pouvoir organisé, durant la journée et la soirée du Dix-Huit mars.

Une vingtaine d’officiers et de membres du Comité Central s’étaient donc rendus, assez timidement, à l’Hôtel-de-Ville. Ils avaient pénétré lentement dans le palais vide et silencieux. Ils s’étaient réunis dans la salle des conférences. Des sentinelles avaient été placées au dehors, avec la consigne de ne laisser pénétrer que les officiers supérieurs