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Edmond Turquet faillit être inquiété pour avoir fait échapper un communard. « Si j’ai commis un délit, dit-il dignement, et si la justice veut m’en demander compte, je suis à sa disposition. » Le président de la commission répondit : « Ce délit existe, mais on ne vous en demandera probablement pas compte, puisque Léo Meillet vous avait sauvé la vie. » La gratitude de M. Turquet et l’intervention généreuse, autant que périlleuse, de Léo Meillet sont des actes trop honorables, trop rares aussi, dans cette terrible époque, pour qu’on ne les mentionne pas en louant leurs auteurs.

Léo Millet se réfugia en Écosse. Il fonda à Glascow un cours qui fut très suivi, et devint maître de conférences à l’école supérieure d’Edimbourg. Revenu en France, en 1896, il se présenta aux élections dans le Lot-et-Garonne. Il fut nommé et siégea au groupe socialiste. Il ne fut pas réélu en 1900. Nommé directeur de l’asile d’aliénés de Cadillac, près Bordeaux, il y est mort en 1907. Ilavait 61 ans.

CHANZY ET EDMOND TURQUET PRISONNIERS

Ce fut Duval qui fit garder prisonnier le général Chanzv, malgré Léo Meillet. Celui-ci déclara qu’il était seul maître à la mairie, et comme Duval réclamait Le prisonnier « au nom des lois de la guerre ! », disait-il pompeusement, l’adjoint lui répliqua : « Vous ne représentez que l’insurrection, moi je suis nommé par les électeurs, investi d’un mandat régulier. Vous n’arrêterez pas le général Chanzy, et la preuve c’est que je vais l’emmener chez moi ! »

M. Turquet a raconté en ces termes pittoresques les péripéties de son arrestation et de celle du général Chanzy :

En effet, il nous emmena, malgré la présence de Duval, le