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Oudet, Pillot, Demay et Regère. Le XIIIe arrondissement l’envoya siéger à la Commune par 6,664 voix. Il fit partie de la commission des relations extérieures (affaires étrangères), fut membre du Comité de salut public et nommé gouverneur de Bicêtre. Il fut sauvé, lors de la répression, per Edmond Turquet se souvenant de son intervention puissante au 18 mars. M. Turquet a reconnu loyalement et courageusement, à Versailles, qu’il avait aidé Léo Millet à gagner l’étranger.

Il m’a sauvé la vie, dit-il énergiquement, ainsi qu’au général Chanzy et au général Langourian. J’avais cru comme tout le monde qu’il était fusillé. Un jour, à la Chambre, je reçois un mot qui me fait bondir. C’était Léo Meillet qui n’était pas mort, et qui me demandait l’hospitalité. Que faire ? Cet homme m’avait sauvé. Je pars pour Paris, et une heure après, à 6 heures 55 minutes, un homme sonne chez moi ; c’était lui. J’envoyai une dépêche télégraphique à Mme Turquet, en lui disant de revenir avec sa femme de chambre. Ma femme revint ne sachant ce que cela voulait dire. Pendant quatorze jours, elle et sa femme de chambre ont donné la nourriture à ce malheureux. Le quatorzième jour, un de mes amis m’apporta un passeport très régulier. Je lui dis : « Voilà un passeport. » Il me répondit : « Il faut que vous m’accompagniez à la gare, parce que si j’y étais arrêté, on m’écharperait peut-être, vous me servirez de caution. » Je le menai à la gare du Nord, nous sommes arrivés Vingt minutes trop tôt. Il a été magnifique de sang-froid, et la police a été très maladroite, car il y avait là des agents qui me connaissaient, et qui ne l’ont pas reconnu. Il est arrivé à la frontière belge. Là, son passeport n’était pas visé, il ne put passer. Il revint à Saint-Quentin, où il y a un consul belge, on lui donna un visa régulier et il repartit, il fut arrêté encore à…, mais en fin on le laissa passer.

Il avait à Paris une maîtresse, dont il avait fait son capitaine d’état-major ; la police le savait et cette femme lui a témoigné un dévouement sans bornes. Trois fois de suite elle s’était fait prendre, et trois fois on l’avait relâchée, parce que la police, sachant que Meillet n’était pas fusillé, espérait le prendre chez elle. Meillet, arrivé à Bruxelles, lui écrivit une lettre, et c’est aussi qu’on sut ce qui s’était passé.