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il s’en produit fréquemment dans de telles bagarres, fit crier à quelqu’un dans la foule : « C’est Ducrot ! » Des menaces et des cris de mort s’élevèrent aussitôt. Ducrot était fort impopulaire ; on ne lui pardonnait ni sa défaite à Champigny, ni son attitude réactionnaire, ni ses dédains envers la garde nationale. Le bruit courut aussi que c’était Vinoy qu’on venait d’arrêter. La fureur de la foule allait croissant. Léo Meillet, adjoint au maire du XIIIe arrondissement, aussitôt prévenu, accourut et fit conduire le général et le député Turquet, qui voulut l’accompagner, à la mairie. Léo Meillet voulait faire mettre en liberté immédiatement les deux prisonniers, mais Duval survint. Il insista pour qu’on gardât, au moins provisoirement, le général. Dans sa pensée, Chanzy devenait un otage. Il y eut alors un conflit entre Léo Meillet et Duval.

LÉO MEILLET

Léo Meillet était un jeune méridional, plein d’énergie, très brun, trapu, la mine sévère, l’allure grave, toujours vêtu de noir, ancien principal clerc d’avoué à Paris. Né à Marmande (Lot-et-Garonne), en 1846, il était venu faire son droit à Paris, et s’était fait connaître dans les clubs, pendant le siège. Ses harangues, pleines de patriotisme, n’avaient rien de la redondance gasconne. C’était au contraire l’un des orateurs populaires les plus précis, exprimant toujours ce qu’il voulait dire, et rien que ce qu’il fallait dire. Il tenait, de sa pratique des affaires contentieuses, une netteté de langage et une fermeté de décision qui le firent apprécier dans l’exercice de ses fonctions administratives. I] était très estimé comme adjoint au maire du XIIIe arrondissement.

Il avait été l’un des premiers propagateurs de la Libre-