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-il, sinon acquérir la grande victoire, du moins épuiser, lasser l’ennemi, et donner à Gambetta le temps de lancer en avant les armées nouvelles qu’il organisait ? Peut-être. Chanzy, plus que tous les autres généraux, avait sauvé l’honneur et conservé l’espérance.

Il fut par la suite gouverneur de l’Algérie, sénateur inamovible et fut porté, sans son assentiment, comme candidat à la présidence de la République. Il est mort, il y a quelques années, glorieux et respecté de tous les partis.

C’était donc au Dix-Huit mars une personnalité restée sympathique, et l’on ne saurait expliquer les mauvais traitements dont il fut l’objet, et les dangers qu’il courut à sa descente de wagon, que par la sottise et la fureur irréfléchie de cette foule impulsive et ignorante, que l’on vit surgir aux premières et aux dernières heures de l’insurrection.

À l’entrée en gare du train, un wagon-salon attira l’attention du piquet de gardes nationaux de service. Ces gardes faisaient partie des bataillons du XIIIe arrondissement. Dans ce quartier, organisé, bien avant le Dix-Huit mars, pour la résistance, commandait Duval, qui avait pris le titre de général. La consigne avait été donnée, dans l’après-midi, à la nouvelle, bien vite connue sur la rive gauche, que les troupes allaient être dirigées sur Versailles, d’arrêter tous les officiers venant d’Allemagne ou de la province, qui débarqueraient aux gares. C’était un ordre absurde, puisqu’on n’empêchait pas les régiments cantonnés sur la rive gauche de sortir de Paris et de gagner Versailles. Se conformant à ces ordres, les gardes nationaux arrêtèrent le général, sur le quai. Chanzy ne se cachait nullement. Il était en uniforme, tenue de campagne, avec la plaque de la Légion d’honneur. Il est certain que les gardes qui l’arrêtèrent ignoraient sa personnalité et le prenaient pour un « général quelconque ». Une de ces méprises, comme