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demandait les noms, et l’on scrutait les physionomies. Si Jules Ferry sortait de cette façon, il était inévitablement reconnu, signalé, empoigné, livré, comme un martyr des anciens jours, aux fauves démuselés de la plèbe. Le sort de Clément Thomas et de Lecomte lui était infailliblement réservé. Il avait accumulé pendant le siège, à raison de la disette, dont on le rendait injustement responsable, et par sa vigoureuse attitude dans la journée du 31 octobre, des haines furieuses. On le fit heureusement partir par une porte de l’église Saint-Germain-l’Auxerrois, communiquant avec la mairie et avec la petite rue des Prêtres, obscure et déserte. Il put gagner, sans être inquiété, le domicile d’un de ses amis, où il passa la nuit. Le lendemain, il se rendait à Versailles. Paris était définitivement sans maître, et la place était libre pour un pouvoir nouveau.

LES MAIRES DÉCIDENT LA RÉSISTANCE

Les maires attendaient toujours, à la mairie du Ile arrondissement, les décisions des ministres. MM. Bonvalet et Labiche couraient vainement dans tous les ministères, cherchant le gouvernement, et ne trouvaient personne. Ils rapportèrent, vers cinq heures du matin, le décret nommant le colonel Langlois général de la garde nationale. Il manquait une formalité à cette nomination : dans leur trouble, et pressés de s’esquiver, les ministres avaient oublié de signer le décret. Il se trouvait d’ailleurs sans objet : le colonel Langlois, qui revenait du Journal officiel, où il avait été retirer sa proclamation déjà donnée à composer, arrivait à la mairie, et annonçait qu’il n’acceptait pas les fonctions qu’on venait de lui conférer. Il priait en conséquence les maires de recevoir sa démission.

M. Tirard, président de la réunion, déclara alors qu’on