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« 18 mars, 6 h. 10 m. du soir.

« Préfet de Police à Général Vinoy, Guerre. Président du Pouvoir exécutif, Intérieur, Justice, Affaires Étrangères, Maire de Paris.

« Un sergent-major vient de me dire que les généraux Lecomte et Clément Thomas avaient été fusilles, après jugement d’une cour martiale. Il avait vu les cadavres.

« Signé : Valentin. »
« 18 mers, 6 h. 55 m. du soir.

« Maire de Paris à Préfet de Police, général Vinoy, général Le Flô, Intérieur, Président du Gouvernement.

« On construit des barricades au pont Louis-Philippe, rue Bourtibourg, on va évidemment en faire dans toutes les petites rues intermédiaires, le but est d’isoler l’Hôtel-de-Ville.

« J’attire votre attention sur l’importance de bien garder le nouvel Hôtel-Dieu et le pont d’Arcole ; du pont d’Arcole, avec une mitrailleuse, on pourrait balayer la place si cela devenait nécessaire. »

Me voici arrivé au dernier incident de la journée. Je tiens particulièrement à m’en expliquer, à raison de l’immense responsabilité qui pesait sur moi comme maire de Paris.

Je ne prétends nullement qu’on ait eu tort de faire évacuer l’Hôtel-de-Ville et les casernes. Il s’agit là en effet d’un acte militaire qui engage tellement la responsabilité d’un chef supérieur, que personne n’a le droit de dire qu’il ait eu tort.

Quant à moi, je tiens à montrer que je n’ai quitté mon poste que quand il m’a été absolument impossible d’y rester.

Vous venez de voir que j’avais lutté dans la journée contre l’évacuation de la caserne Lobau.

Vous vous rappelez que le général Vinoy m’avait télégraphié qu’il m’avait donné l’ordre qu’il était d’avis de fortifier les casernes au lieu de les évacuer ; or — et ceci vous montre avec quelle rapidité les événements se précipitaient — à sept heures, j’appris indirectement, Car On ne me communiquait rien officiellement, que le général Derroja, qui commandait en chef l’Hôtel-de-Ville et les casernes, avait reçu du général Vinoy l’ordre écrit d’évacuer immédiatement les casernes. J’allai trouver le général qui était dans un cabinet voisin du mien et je lui dis : « Comment se fait-il que vous receviez des ordres, sans que j’en sois avisé ? » ll me répondit : « Voilà le fait. Je ne sais pas ce qui se passe. » Or, l’ordre était