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fascines. Il eût fallu du canon et entreprendre un véritable siège pour s’en emparer. Il y avait, comme troupes à la disposition du maire, 300 hommes de la garde républicaine, fantassins, un excellent régiment de ligne, le 110e, qui avait gardé pendant le siège l’importante redoute du Sud, les Hautes-Bruyères. On disposait de 30,000 paquets de cartouches. Le maire avait eu la précaution d’envoyer des voitures à la manutention chercher des vivres. Il ne pouvait être pris par la famine, et il se sentait en mesure de repousser toute attaque de vive force.

Aucun développement ne pourrait faire mieux connaître sa ferme attitude et sa contenance résolue que la reproduction des dépêches qu’il a échangées, ce jour-là, avec le gouvernement ou la préfecture de police. Il avait pu en conserver les originaux, et il les a communiqués à la Commission d’Enquête, au cours de son intéressante déposition.

M. Jules Ferry, après avoir rappelé sommairement les divers événements de la matinée du Dix-Huit mars, a exposé en ces termes ses actes et ses intentions dans la journée et la soirée.

À deux heures et demie, entrait dans mon cabinet un officier de gendarmerie de la caserne Lobau, qui me dit : « Je viens de recevoir l’ordre d’évacuer la caserne ; je ne comprends pas pourquoi. Si on l’évacue, elle sera prise immédiatement par les insurgés »

C’est, Messieurs, la caserne qui est la plus rapprochée du quai : elle commande le petit jardin qui est situé derrière l’Hôtel-de-Ville et l’abandonner c’est livrer l’entrée de la Mairie de ce côté.

J’envoyai sur-le-champ la dépêche suivante au préfet de police :

« 18 mars 1872, 2 b. 60 du soir.

« Maire de Paris à Préfet de Police.

« On fait évacuer la caserne Lobau. C’est comme si on livrait