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à la population qu’ils avaient obtenu la nomination du colonel Langlois et la promesse des élections municipales. De son côté, le colonel Langlois, tout à fait ravi, se mettait à la besogne : il exprimait, en phrases pompeuses, sa satisfaction d’être placé, par la confiance du gouvernement et de l’Assemblée Nationale, à la tête de la belle garde nationale parisienne. Le langage était redondant autant qu’était inutile la nomination : ce n’était, en un pareil moment, ni ce qu’il fallait dire, ni ce qu’il fallait faire. Le naïf et impétueux Langlois n’allait pas tarder à s’en apercevoir. Quant au gouvernement, il était dispersé, disparu, et ne se préoccupait guère ni de la façon dont le général qu’il venait de donner à la garde nationale serait accueilli par elle, ni de savoir comment le nouveau chef prendrait possession de l’Hôtel-de-Ville, ainsi qu’il avait l’intention de le faire sur-le-champ, selon sa déclaration à la réunion des maires et députés, à la mairie du Ile arrondissement.

DERNIÈRE RÉSISTANCE DE JULES FERRY

Jules Ferry avait essayé de conserver l’Hôtel-de-Ville, qu’il considérait justement comme la suprême forteresse du gouvernement. Tant qu’on tenait l’Hôtel-de-Ville, on semblait tenir Paris, et l’émeute, cantonnée dans les quartiers excentriques, ne pouvait se proclamer victorieuse. Le maire de Paris avait, dés les premières heures matinales, déployé son énergie habituelle. Il avait pris toutes les mesures défensives pour conserver l’Hôtel-de-Ville, et l’expérience du 31 octobre l’avait guidé. Il n’avait pour le seconder que le colonel Vabre, le commandant militaire, qui se signala par la suite, lors de la répression versaillaise, comme un des plus féroces exterminateurs. L’Hôtel-de-Ville était barricadé, les fenêtres matelassées, garnies de