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de la Guerre ; Jules Favre, Ernest Picard, Dufaure, Jules Simos, l’amiral Pothuau et le général d’Aurelle de Paladines.

La discussion fut vive. L’évacuation de Paris en fut l’unique objet. Les généraux s’en montrèrent partisans, l’opposition vint de la part des ministres civils. Jules Favre notamment déclara qu’il fallait rester à Paris. Nous avons indiqué plus haut les motifs qui semblaient lui dicter cette énergique résolution, dont il avait fait part à la délégation des maires, mais qu’il ne maintint pas.

Le général Le Flô a dit, dans l’Enquête, qu’à cette séance du conseil :

Jules Favre et Ernest Picard déclarèrent formellement qu’ils n’évacueraient pas Paris, qu’ils y resteraient coûte que coûte, dussent-ils y perdre la vie. Je leur répondis : « Vous ferez ce que vous voudrez. J’ai le devoir de sauver l’armée, je la sauverai à tout prix. » Je fis appel aux sentiments de ces messieurs ; ils persistèrent dans leur résolution de ne pas abandonner Paris ; je pris congé d’eux, et je me rendis à l’École militaire, où le général Vinoy avait établi son quartier général…

Il est donc établi que, vers dix heures du soir, Jules Favre et Ernest Picard voulaient rester à Paris, avec les troupes. Mais les ordres de Thiers étaient formels. Le ministre de la Guerre prenait la responsabilité de l’évacuation. Il en donnait les ordres écrits, et le général Vinoy commençait à les exécuter. Il n’y avait qu’à se soumettre. L’opposition qu’avaient montrée les deux ministres, et que la courageuse résistance de Jules Ferry à l’Hôtel-de-Ville sans doute stimulait, cessa bientôt. Ernest Picard, l’amiral Pothuau, Jules Simon et Jules Favre se rendirent en effet à l’École militaire, et consentirent à l’évacuation si discutée. À deux heures du matin, la plupart des troupes étaient déjà sur la route de Versailles. Les ministres avaient cédé,