Page:Lepelletier - Histoire de la Commune de 1871, volume 1.djvu/507

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

récit d’un témoin, M. Jules Richard, rédacteur au Figaro, qui, chargé du compte rendu des séances de l’Assemblée, était venu se loger à l’avance, à Versailles, et avait sollicité une audience, un peu tardive, mais que la gravité des circonstances permettait. Il était onze heures et demie du soir, quand ce journaliste, très connu, fut introduit à l’hôtel de la Préfecture. Il trouva le chef du pouvoir exécutif en conversation avec plusieurs personnes, dont le général Appert. Jules Richard raconta le meurtre des généraux. M. Thiers l’interrompit pour affirmer : « Ni le général Lecomte ni le général Clément Thomas n’ont été fusillés. » Il ne voulait pas que ces terribles nouvelles se répandissent, dans son entourage surtout, avant que les troupes qu’il attendait fussent arrivées à Versailles. Il avait, cette nuit-là, si grand peur, et craignait tellement d’être enlevé qu’il retint à la préfecture, a dit Jules Richard, en contant l’épisode, tous les officiers généraux qui s’y présentèrent, et qu’il fit coucher, en travers de la porte de sa chambre, deux soldats, choisis à dessein parmi les prisonniers qui rentraient d’Allemagne.

DERNIER CONSEIL DES MINISTRES À PARIS, CHEZ M. CALMON

L’insurrection joua de malheur, à deux reprises, en cette journée hasardeuse. Deux fois la fortune mit à la portée des Parisiens le salut, la victoire.

Ils avaient le Mont-Valérien abandonné, à leur disposition. Par négligence ou trahison du général en chef provisoire de l’insurrection, Lullier, ils ne purent s’en emparer, et permirent aux Versaillais de le réoccuper.

Ils se trouvèrent à portée d’arrêter M. Thiers et les principaux ministres et ils n’eurent point l’idée de les faire