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toujours peu instruit des faits contemporains, et l’histoire des ans les plus proches de votre naissance est celle que l’on connaît le moins. Cela s’est passé de tout temps. La raison de cette ignorance des jours qui ont précédé ceux où l’on a l’âge d’homme tient à l’impossibilité d’enseigner dans les écoles, avec impartialité, avec vérité surtout, l’histoire contemporaine, et à la difficulté de lire des livres sincères et exacts sur une époque, trop voisine, trop chaude. Il faut permettre au temps de refroidir suffisamment les faits pour qu’on puisse les toucher, les examiner de près, sans cuisson. L’immense majorité de la jeunesse actuelle ne connaît l’histoire de la Commune que par des polémiques de journaux, des fragments, des épisodes plus ou moins dramatiques, des discours d’inaugurations, des nécrologies, des allusions, des propos et des racontars, le plus souvent fantaisistes, exagérés ou suspects. La légende réactionnaire domine tous ces documents, oraux ou imprimés, n’ayant que la valeur éphémère de commérages anecdotiques, ou de diatribes de parti. Les livres inspirés par un sentiment d’apologie et de glorification ont également contribué à entretenir l’ignorance et à fausser la connaissance. Les uns les lisent avec un esprit de suspicion, de haine parfois, les autres avec colère et rancune ; bien peu étudient cette époque et son histoire pour le seul plaisir de savoir et de se faire une opinion raisonnée.

La Commune est pourtant entrée dans la période historique. La vindicte de ses ennemis doit être satisfaite et la rancune de ses partisans doit être affaiblie. La prescription quarantenaire doit aussi lui être acquise aux yeux de ceux qui la jugèrent criminelle. Elle appartient désormais