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Jules Ferry, l’histoire lui rendra cette justice, fut le seul homme du gouvernement thiériste qui ne perdit jamais la tête. Nous n’avons pas à juger ici la carrière si remplie de cet homme d’État. Nous oublions à dessein le chef de l’opportunisme et le directeur de la politique coloniale, nous ne jugeons que le maire de Paris, le fonctionnaire solide à son poste de combat, l’ennemi implacable, mais qu’on respecte et qu’on admire, lorsqu’il oppose son incontestable courage à la veulerie, à toute la défaillance de ses chefs…

Plus tard, quand cet homme vint déposer des faits du 18 mars devant la commission d’enquête parlementaire, non seulement il ne recueillit pas un éloge, mais il comparut presque comme un accusé, à tel point qu’à plusieurs reprises il dut se défendre et vertement des insinuations perfides de ces parlementaires haineux et affolés. Ce fut tout ce que Ferry gagna à avoir mis son grand courage au service de la plus féroce des réactions. »

(Gaston Da Costa, la Commune Vécue, t. I, pp. 88 et 102.)

Ce personnage considérable, qui a tenu une place si grande dans la République, dont il aurait dû être le président, car il dépassait par l’intelligence et par les services tous ceux que les circonstances et les intrigues des coteries portèrent à ce poste suprême (on est désigné pour la présidence, non pour ses qualités, mais pour les défauts qu’on n’a pas, non pour ses actes politiques, mais pour ceux qu’on a évités de faire), était né dans les Vosges, à Saint-Dié, le 5 avril 1832. Il est mort à Paris, rue Bayard, No 1, le 17 mars 1893. Il avait lutté sous l’Empire. Ses débuts au barreau et dans le journalisme avaient été remarqués. Il écrivit dans la Presse, le Courrier du Dimanche, puis au Temps et à l’Électeur, et fut poursuivi pour ses articles par la justice impériale. Sa notoriété, déjà grande, fit un bond en 1868. Une brochure, au titre plaisant, sur les finances de la ville de Paris, intitulée les Comptes Fantastiques d’Haussman, le fit, du jour au lendemain, presque célèbre. Le calembour a de ces