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la rue, livré à lui-même, c’est-à-dire à l’émeute, à la merci du premier venu qui viendrait s’installer dans l’édifice, où les gouvernements républicains, comme les rois l’onction à Reims, avaient reçu le sacre populaire. L’Hôtel-de-Ville de Paris, c’était à la fois un donjon et un symbole. Là, semblait être le suprême réduit de la République, son autel aussi. La Commune ne devait pas faillir à cette tradition. Quelques jours après son abandon par Thiers et les hommes du 4 Septembre, cet Hôtel-de-Ville était occupé par le gouvernement élu à la suite des événements du Dix-Huit mars, la Commune recevait des mains du Peuple l’investiture, et, sur la place fameuse, antique grève des nautes parisiens, son avènement était solennellement et joyeusement proclamé !

Jules Ferry, maire de Paris, premier magistrat de la cité et gardien de la Maison Commune, ne voulait pas se rendre, ne comprenait pas qu’on livrât à l’insurrection cet Hôtel-de-Ville, qu’il avait vaillamment déjà défendu et sauvé, au 31 octobre. Il voulait résister, à M. Thiers, par la persuasion, par des raisonnements, et à l’insurrection, par une contenance ferme et des coups de fusils. Il ne put accomplir aucune de ces deux tâches, difficiles il est vrai. Il dut céder et se retirer, mais pas en fuyard et en poltron, comme le chef du pouvoir exécutif.

Ce ne fut pas, certes, un ami de la démocratie avancée que M. Jules Ferry, et la Commune trouva en lui son adversaire le plus acharné, le plus irréductible. Mais les communards eux-mêmes n’ont pu s’empêcher de rendre hommage à son énergie, et de reconnaître en lui un homme d’État supérieur. Un des historiens de la Commune, M. Gaston Da Costa, condamné à mort par les conseils de guerre versaillais, donc non suspect de partialité, ou même de bienveillance pour le maire de Paris, a dit de lui :