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du gouvernement, après M. Thiers, ne savait pas qu’à cette heure-là les troupes rassemblées à l’École militaire, sous le commandement du général Vinoy, commençaient leur mouvement de retraite, que les principaux points stratégiques de Paris étaient évacués, et que le chef du pouvoir exécutif, après avoir assisté, au pont de Sèvres, au défilé des premiers régiments abandonnant Paris, roulait au grand galop de ses chevaux sur la route de Versailles.

Bientôt, il lui fut impossible de conserver le moindre doute, si réellement il ne savait rien de ce qui s’était passé dans la journée, M. Charles Ferry, frère du maire de Paris, et M. Jules Mahias, secrétaire de la mairie centrale, se firent annoncer pour une communication urgente : introduits aussitôt, ils annoncèrent que, sur l’ordre du général Vinoy, l’Hôtel-de-Ville venait d’être évacué. M. Charles Ferry ajouta que son frère était resté seul dans le bâtiment municipal, voulant en sortir le dernier, et seulement par la force des baïonnettes de l’insurrection.

Cette nouvelle démonta l’arrogant Jules Favre. Comme les maires renouvelaient avec insistance leurs propositions, il daigna répondre alors qu’il transmettrait au gouvernement les demandes que les maires et les députés de Paris lui exposaient, et qu’il leur donnerait réponse dans la nuit.

Les maires se retirèrent alors, et se réunirent à la mairie du Ier arrondissement, pour rendre compte à leurs collègues et aux députés du résultat de l’entrevue.

JULES FERRY

Le fait était exact autant qu’invraisemblable : l’Hôtel-de-Ville avait été abandonné. C’était la reddition de la place municipale, c’était la capitulation du gouvernement, et Paris était officiellement, publiquement, au pouvoir de