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comptais pas sur la garde nationale. Réunissez-vous, messieurs, le sort de Paris, le sort de la France aussi, est entre vos mains. » Les délégués se retirèrent aussi indécis et aussi inquiets qu’avant ces deux démarches sans résultat.

La réunion des représentants de la Seine, des maires de Paris et de leurs adjoints, eut lieu à six heures, à la mairie du Ier arrondissement. Tout le monde était présent. M. Tirard présida. On discuta la situation. On considéra qu’on ne pouvait guère compter sur l’armée, que la garde nationale se divisait en deux armées, l’une qui faisait l’émeute, l’autre qui la laissait faire. On proposa donc l’envoi d’une délégation au gouvernement, avec mandat de demander les mesures immédiates suivantes, comme seules susceptibles d’arrêter les progrès de l’insurrection, et de donner satisfaction à la majorité de la population : 1o nomination du colonel Langlois, député de Paris, comme commandant en chef de la garde nationale ; 2o nomination de M. Dorian comme maire de Paris ; 3o élections municipales d’urgence ; 4o assurance que la garde nationale ne serait pas désarmée.

La commission, composée de MM. Tirard, Vautrain, Vacherot, Bonvalet, Méline, Tolain, Hérisson, Millière, Peyrat, se rendit au ministère des Affaires Étrangères. Elle parlementa d’abord avec le secrétaire de Jules Favre, M. Hendlé, par la suite préfet de la Seine-Inférieure, très habile et très renommé. Celui-ci fit la grimace en constatant la présence de Millière parmi les délégués. Millère avait publié des révélations scandaleuses, autour desquelles on fit beaucoup trop de bruit. Les virulentes attaques du Vengeur contre Jules Favre, qualifié de faussaire, étaient de vaines déclamations pour des irrégularités d’état-civil, sans importance politique. Jules Favre avait déclaré à la mairie de Rueil, comme étant légitimes, des enfants nés