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l’abandon de Paris, et que M. Thiers força leur volonté, en brusquant le départ, s’enfuyant même tout seul, en tirant parti d’une alerte, causée par le défilé fortuit et inoffensif d’un bataillon fédéré, sous les fenêtres du ministère des Affaires Étrangères, où avait lieu la délibération.

L’INTERVENTION DES MAIRES

Les maires de Paris, la veille encore, en dehors de MM. Vacherot, Vautrain et de quelques autres, franchement réactionnaires, croyaient la conciliation possible. Ils avaient souhaité, ils avaient pensé, avec leur collègue Clemenceau, que l’affaire des canons se terminerait pacifiquement et régulièrement, par une rétrocession des pièces à chaque bataillon, ou à l’artillerie de la garde nationale. Leur surprise fut donc grande, quand ils apprirent les événements de li matinée. M. Tirard, député et maire, prit l’initiative d’une convocation des maires, des adjoints et des représentants de Paris, à la mairie du IIe arrondissement, rue de la Banque. Il vint peu de monde, les convocations n’ayant pu toucher la plupart des destinataires. Une nouvelle réunion fut fixée pour le soir même, à six heures, à la mairie du premier arrondissement (Saint-Germain-l’Auxerrois). En même temps, MM. Tirard et Bonvalet furent délégués auprès de M. Thiers. Ils ne le trouvèrent point. Le chef du pouvoir exécutif était à l’École militaire, conférant avec le général Vinoy, et prenant des dispositions pour le mouvement de retraite des troupes. Les délégués se rendirent auprès du général d’Aurelle de Paladines. Celui-ci déclara qu’il n’était au courant de rien, responsable de rien. « Ce sont les avocats qui ont voulu l’attaque, dit-il. Je leur avais bien prédit que cela se terminerait ainsi, ajoutait-il, ils ne m’out pas écouté. Je savais ce que valait l’armée et je ne