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ne se levaient pour défendre, d’un commun accord, la patrie et la République.

Paris, le 18 mars 1871.

A. Thiers, Dufaure, E. Picard, Jules Favre, Jules Simon, Pouyer-Quertier, général Le Flô, amiral Pothuau, Lambrecht, de Larcy.

Cette seconde proclamation, portant pareillement la date du 18 mars, était signée des membres du gouvernement. Elle ne fut évidemment pas vue, ni approuvée par M. Thiers, et l’on signa pour lui. Il ne pouvait être dans sa pensée d’appeler aux armes les gardes nationaux, puisqu’il était résolu à les abandonner. Voulait-il laisser ces bataillons de propriétaires et de commerçants sans le concours de l’armée, après les avoir lancés dans les rues de Paris, contre les bataillons de ces prolétaires redoutables, devant lesquels il s’empressait de décamper ? Cet appel à la guerre civile était un contre-sens en ce moment de dérobade. Il est probable que l’affiche avait été préparée à l’avance, avant la délibération prise pour l’évacuation, et qu’elle fut apposée, en retard et sans réflexion, sans qu’on pensât à décommander les afficheurs, comme on prévenait les chefs de corps de cesser toute lutte et de se replier sur la rive gauche, en attendant le signal du départ pour Versailles. Il est vraisemblable de supposer que cet appel à la population, comme celui à la garde nationale, furent concertés entre Jules Favre, Ernest Picard, et le général d’Aurelle de Paladines, à l’insu de M. Thiers et des autres membres du gouvernement. Ce qui pourrait justifier cette explication, c’est que M. Jules Favre, dans la soirée, recevant la délégation des maires, parut ignorer le départ pour Versailles du chef du gouvernement.

Il est du reste établi que MM. Jules Favre et Ernest Picard, comme Jules Ferry, étaient absolument opposés à